Vaccination du chat

Icone de chat

Le virus de l'immunodéficience féline

L’immunodéficience féline ou SIDA du chat est une infection virale assez fréquente en Europe, avec une prévalence qui varie selon les pays mais atteint par exemple les 30% en Italie [1]. Les chats infectés par ce virus le restent toute la vie et aucun traitement n’existe pour détruire le virus. Mais les chats infectés ne seront pas forcément malades. Il est possible que l’infection asymptomatique (sans aucun symptômes) dure toute la vie de l’animal, ainsi l’espérance de vie de l’animal n’est pas forcément impactée tant que le chat n’est pas malade. 

I. Présentation de la maladie

Le SIDA du chat est causé par le virus de l’immunodéficience féline ou FIV. C’est un virus très proche du virus du SIDA humain (le VIH) [1]. C’est un lentivirus qui fait partie de la famille des Rétrovirus, comme le virus leucémogène féline (le FeLV) qui induit la leucose féline.

Mais le pouvoir pathogène de ce virus est très différent. Alors que la leucose féline diminue amplement l’espérance de vie des animaux (survie d’en moyenne 2 ans) et entraînera forcément des symptômes chez le chat infecté, le virus du FIV lui évolue très lentement, un chat infecté pourra potentiellement vivre pour une longue période comme n’importe quel autre chat. 

Le FIV est un virus très peu résistant en dehors de l’organisme. La caractéristique principale des Rétrovirus est leur capacité à intégrer leur ADN dans le génome de la cellule qu’ils ont infecté. 

Le virus du SIDA du chat peut infecter les chats et les félidés sauvages [1]. La transmission se fait via la salive et le sang lors de morsures ou griffures [1] (Figure 1). La transmission peut aussi se faire très minoritairement via le placenta ou le lait pour les mères gestantes [1]. Contrairement au virus du SIDA humain, la transmission vénérienne est assez rare chez les chats [2].

A l’inverse du virus de la leucose féline, ce virus ne se transmet pas quand deux chats partagent la même gamelle ou se toilettent mutuellement. Ainsi, dans une population stable de chats ne se bagarrant pas, le FeLV pourra circuler mais pas le FIV. 

Le FIV va donc principalement toucher des chats mâles, non stérilisés vivant en extérieur, en effet ce sont des chats qui sont susceptibles d’être bagarreurs [1]. Une étude de 1993 a notamment montré que les chats vivant en liberté sont 7 à 19 fois plus souvent infectés par le FIV que ceux vivant en intérieur [2].

Figure 1 : Transmission du virus de l’immunodéficience féline

Le virus du FIV s’attaque au système immunitaire de l’animal et induit une immunodépression par destruction progressive des cellules immunitaires.

L’infection d’un animal par le FIV se caractérise par trois phases [2] : une phase primaire de multiplication du virus, puis une phase de normalité clinique (l’animal ne présentera aucun signe clinique), et enfin une phase terminale où la maladie se déclare. Cette séquence ressemble un peu à celle du SIDA humain [2].

Ces différentes phases sont décrites ici (Figure 2) :

→ Phase 1 : Après une morsure ou une griffure, le virus infecte les macrophages présents sur le site d’inoculation (la zone du corps où l’animal a été mordu ou griffé). Le virus va ensuite circuler dans l’organisme et se multiplier dans les organes lymphoïdes. Le virus peut également se multiplier au niveau d’autres organes comme la moelle osseuse, les poumons, les reins, le système digestif ou le cerveau. Pendant plusieurs semaines, on aura un pic de virémie (le virus circule en grande quantité dans le sang). 

→ Phase 2 : Après ce pic, la circulation du virus diminue grâce à la réponse immunitaire mise en route contre le virus dans les 2 à 4 semaines après l’infection. Le système immunitaire est incapable de détruire le virus, mais cela va permettre de faire diminuer la virémie jusqu’à atteindre un seuil stable où l’animal ne sera pas malade. Cette phase asymptomatique peut durer de nombreuses années. Une étude a montré qu’un chat infecté n’avait montré aucun signe clinique de la maladie pendant 8 ans. 

→ Phase 3 : Malgré l’absence de signes cliniques, le virus est toujours présent dans l’organisme et continue progressivement à attaquer le système immunitaire, jusqu’à ce que celui-ci ne permette plus de maintenir une virémie stable. On rentre alors dans la phase terminale de la maladie, où l’animal sera malade.

Figure 2 : Circulation du virus dans l’organisme

Chez un chat infecté par le FIV, le système immunitaire travaille en permanence pour lutter contre le virus, ainsi son système immunitaire est moins efficace contre d’autres affections.

La maladie peut se manifester principalement par trois choses :

  • Des affections à médiation immune : Ce sont des affections où le système immunitaire va s’attaquer aux cellules de l’animal. On peut avoir par exemple une uvéite (le système immunitaire s’attaque aux cellules des yeux ce qui entraîne une inflammation importante), ou une glomérulonéphrite (le système immunitaire va s’attaquer aux cellules permettant le fonctionnement des reins)
  • Une immunodéficience : C’est un virus qui entraîne un malfonctionnement du système immunitaire, les chats touchés sont donc plus sensibles aux infections, notamment par exemple des infections respiratoires ou des infections de plaie après une blessure qui seront plus sévères et plus difficiles à traiter. Par exemple, une co-infection avec le calicivirus pourra entraîner une importante inflammation au niveau de la bouche, qui sera plus difficile à gérer que pour un chat non infecté par le FIV.
  • L’apparition de tumeurs (lymphomes et leucémies).

On peut aussi retrouver d’autres manifestations de la maladie, comme des troubles neurologiques (changements de comportement, parésies).

Le diagnostic du FIV est assez simple. Il peut se faire via un test rapide avec seulement quelques gouttes de sang. On pourra donc tester un chat présentant une affection pouvant faire penser au FIV ou un chat bagarreur avec un passé inconnu. 

Malgré les progrès réalisés dans le traitement contre le SIDA humain, il n’existe toujours pas de traitement permettant de détruire le virus.

Quelques traitements antiviraux commencent à voir le jour mais ils sont encore rares et très peu utilisés car chaque molécule présente des inconvénients comme des effets secondaires importants ou une efficacité qui n’a pas encore été totalement démontrée. Dans tous les cas, ces traitements antiviraux ne permettent pas de détruire totalement le virus mais seulement de le ralentir.

Malgré cela, les animaux infectés par le FIV peuvent vivre de nombreuses années avec une très bonne qualité de vie s’ils reçoivent les soins adéquats. Une étude a notamment montré que l’espérance de vie d’un chat infecté par le FIV était en moyenne de 5 ans, mais elle peut même être supérieure tant que l’animal n’est pas malade. Pour comparaison, l’espérance de survie d’un chat atteint par la leucose féline n’est que de 2 ans [1].

Comme ce sont des animaux plus sensibles aux infections mais aussi aux infestations par des parasites, quelques mesures sont à prendre :

  • On le traite contre les parasites externes et internes.
  • On fait attention à l’alimentation (on évite les aliments crus qui pourraient apporter des parasites ou des infections bactériennes).
  • On le protège contre les autres maladies infectieuses en suivant bien le planning de vaccination (ce point sera à adapter au cas par cas, en effet la vaccination pourra être déconseillée dans certains cas) [1].

Si l’animal infecté par le FIV présente des signes cliniques, on pourra également proposer des traitements spécifiques en fonction de l’affection associée comme des molécules jouant sur le système immunitaire ou de la chimiothérapie en cas d’affection tumorale.

II. Prévention de la maladie

La prévention de cette maladie est surtout sanitaire. La première mesure de prévention est d’isoler les animaux positifs [1]. C’est une mesure difficile étant donné que le FIV circule beaucoup chez les chats errants. La stérilisation chirurgicale est souvent conseillée pour limiter les comportements agressifs et donc limiter les risques de contamination [1].

Le dépistage des chats à risque est important, surtout s’ils sont amenés à vivre en communauté. 

Concernant la vaccination, malheureusement, aucune vaccination n’est disponible en Europe pour le moment. 

Des études expérimentales sur de potentiels vaccins ont été réalisées mais n’ont pour l’instant pas été très convaincantes. En effet, l’efficacité de ces vaccins n’est pas suffisante pour justifier une commercialisation.

Les différents vaccins testés ont notamment soulevé une problématique importante [1][3][4]. Le virus du FIV existe sous différentes formes qu’on appelle « souches virales ». Selon les régions du monde, certaines souches sont plus ou moins présentes. Or ces souches virales ont des caractéristiques génétiques parfois très différentes. Les vaccins testés pour le moment permettent pour certains de protéger contre la souche virale utilisée pour créer le vaccin, mais ne permettent pas de protéger l’animal contre les autres souches virales du FIV, rendant son efficacité très faible face au nombre important de souches virales circulant en Europe.

Une deuxième problématique soulevée par les vaccins testés serait un potentiel renforcement de l’infection [1][4]. En effet, une étude a montré que des chats vaccinés expérimentalement ont présenté une quantité augmentée de virus dans leur organisme. Les conséquences de ce constat ne sont pas encore connues, mais cela soulève le problème que les vaccins, non seulement loin d’être complètement efficaces, pourraient augmenter la circulation du virus dans la population féline.

Face à ces résultats, la prévention par dépistage et l’isolement des animaux positifs reste la meilleure solution.

D'autres articles qui pourraient vous intéresser :

La leucose féline est une maladie virale grave et incurable. C’est une maladie qui se transmet par échange de salive, et qui touche donc surtout les chats ayant accès à l’extérieur. Chez ces chats, la vaccination contre cette maladie est alors essentielle.

Les chats sont fréquemment touchés par des maladies respiratoires infectieuses. Cette maladie, plus communément appelée “le coryza du chat”, est multifactorielle et implique plusieurs agents pathogènes différents.

La parvovirose féline, aussi appelée typhus, est une maladie virale fréquente et grave, particulièrement mortelle chez les chatons. La vaccination contre cette maladie est primordiale chez le chat quelque soit son mode de vie.

Bibliographie

[1] C. E. Greene, Ed., Infectious diseases of the dog and cat, 4th ed. St. Louis, Mo: Elsevier/Saunders, 2012.

[2] O. Martinon, Danielle Levy. Le virus de l’immunodeficience feline. Veterinary Research, BioMed Central, 1993, pp. 151–158.

[3]M. J. Hosie, R. Osborne, J. K. Yamamoto, J. C. Neil, and O. Jarrett, « Protection against homologous but not heterologous challenge induced by inactivated feline immunodeficiency virus vaccines », J Virol, vol. 69, no. 2, pp. 1253–1255, Feb. 1995, doi: 10.1128/jvi.69.2.1253-1255.1995.

[4] S. P. Dunham, J. Bruce, S. MacKay, M. Golder, O. Jarrett, and J. C. Neil, « Limited efficacy of an inactivated feline immunodeficiency virus vaccine », Veterinary Record, vol. 158, no. 16, pp. 561–562, Apr. 2006, doi: 10.1136/vr.158.16.561.

5 1 vote
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires