La vaccination contre la parvovirose
La parvovirose féline, aussi appelée typhus ou panleucopénie infectieuse, est une maladie virale fréquente et grave, particulièrement mortelle chez les chatons. La vaccination contre cette maladie est primordiale chez le chat, quelque soit son mode de vie.
I. Présentation de la maladie
Comment se transmet la parvovirose ?
La parvovirose féline est causée par un virus à ADN de la famille des protoparvovirus, qui peut affecter toutes les espèces de félidés mais aussi d’autres espèces de carnivores comme les renards ou les furets (1).
La transmission du virus se fait de manière oro-fécale (1, 2), c’est-à-dire que l’animal infecté excrète le virus dans ses matières fécales et ses urines, à l’origine de la contamination d’un autre animal (Figure 1).
La contagiosité importante de cette maladie s’explique par deux raisons :
- L’excrétion fécale et urinaire dure généralement quelques jours, mais dans certains cas elle continue jusqu’à 6 semaines après l’infection (1). Un animal infecté pourra donc disséminer le virus pendant une longue période de temps.
- Le virus est très résistant dans l’environnement : il peut survivre entre 5 et 10 mois dans les matières fécales déposées sur un substrat (1). Ainsi, l’animal n’a pas besoin de rencontrer un animal malade pour s’infecter, un contact avec l’environnement contaminé suffit.
Figure 1 : Schéma de la transmission de la parvovirose féline
Même si cette maladie se transmet principalement via les matières fécales d’autres animaux, un chat vivant exclusivement en intérieur n’est pas à l’abri pour autant. En effet, il est courant qu’un chat n’ayant pas accès à l’extérieur soit contaminé (1) :
- via ses propriétaires ou d’autres humains par l’intermédiaire de leurs chaussures ou de leurs mains contaminées.
- via des objets ayant été en contact avec le virus.
- lors d’un contact avec un autre animal, lors d’une visite chez le vétérinaire, ou lors d’un voyage.
Ce virus affecte principalement les chatons de moins de 4 mois qui sont les plus fragiles (1). Les épidémies de parvovirose féline arrivent généralement durant la saison des naissances, quand le nombre de chatons augmente considérablement, ce qui va favoriser la dissémination du virus (1).
Quels sont les signes cliniques de la parvovirose ?
Le virus peut contaminer un animal de deux façons :
→ Soit avant sa naissance au sein de l’utérus (1, 2) : on parle d’infection in-utero, et cela peut entrainer des avortements, ou des lésions nerveuses chez les chatons.
→ Soit après sa naissance : la contamination se fait alors par voie orale (Figure 2) comme expliqué précédemment, et le virus va atteindre :
- la moelle osseuse ce qui entraîne une destruction des cellules immunitaires donc une immunodépression (1, 2) : des bactéries peuvent alors infecter l’animal qui ne peut pas se protéger car son système immunitaire n’est plus compétent.
- l’intestin avec destruction des cellules intestinales ce qui entraine une diarrhée et une déshydratation (1,2).
La parvovirose peut se présenter sous plusieurs formes:
- La forme subclinique passe généralement inaperçue et concerne surtout les chats adultes (1).
- La forme aiguë (Figure 2) est la plus courante, elle est caractérisée par des diarrhées, des vomissements, et surtout une forte hyperthermie, un abattement très marqué et une déshydratation importante (1).
- La forme suraiguë est la plus mortelle : l’animal meurt subitement en quelques heures après avoir présenté de l’abattement et une déshydratation intense (1).
Les formes aiguës et suraiguës sont très fréquentes chez les chatons. La mortalité est la plus élevée pour les chatons entre 3 et 5 mois d’âge (1). Elle peut monter jusqu’à 90% chez les chatons (2). Une étude a notamment montré qu’au Royaume-Uni, la parvovirose féline est responsable de 25% des décès chez les chatons (1).
Figure 2 : Signes cliniques de la parvovirose féline
Comment traite-on la parvovirose ?
Il n’existe pas de traitement étiologique, uniquement un traitement symptomatique et des soins quotidiens (1, 2) pour soutenir l’animal afin qu’il survive suffisamment longtemps pour que son système immunitaire élimine le virus.
Cela nécessite une hospitalisation en soins intensifs, dans un secteur isolé des autres animaux hospitalisé pour éviter les contaminations, qui peut être longue (1). On considère qu’un animal ayant survécu dans les 5 jours après le début de la maladie a plus de chance de guérison, qui peut prendre plusieurs semaines.
Après l’hospitalisation d’un animal contaminé par la parvovirose féline, des mesures de désinfection (1) doivent être prises pour limiter tout risque de contagiosité avec d’autres chats. La destruction du virus nécessite des produits spécifiques, mais est difficile. En effet, certaines surfaces sont compliquées à désinfecter.
II. Protocole de vaccination
Au vu de la contagiosité importante du virus et de la forte mortalité de la maladie, la vaccination est fortement recommandée (3) pour tous les chats à tout âge, et même pour un chat n’ayant pas accès à l’extérieur.
Il faut garder en tête que la vaccination n’a pas toujours le même objectif selon les maladies. Dans le cas de la parvovirose féline, la vaccination ne permet pas de protéger contre l’infection. Elle protège contre l’apparition des symptômes de la maladie. Ainsi, un chat vacciné peut être porteur du parvovirus et excréter le virus dans ses selles, mais ne sera pas malade.
Les vaccins utilisés sont des vaccins à agent vivant très immunogènes, ils sont donc très efficaces et ne nécessitent théoriquement qu’une seule injection. Pour tout comprendre sur les différents types de vaccin, n’hésitez pas à visionner nos vidéos « Tout comprendre sur la vaccination« .
Cependant, chez les chatons de moins de 16 semaines, le protocole de vaccination va être un peu plus complexe (Figure 3) :
- En effet, avant l’âge de 16 semaines, les anticorps de la mère sont potentiellement toujours présents dans le sang du chaton. On les appelle les AOM, « Anticorps d’Origine Maternelle » (3).
- Ces anticorps les protègent contre la parvovirose, mais leur présence va aussi interférer avec le vaccin et empêcher la mise en place de l’immunité du chaton (le chaton ne peut pas produire ses propres anticorps contre la maladie durant cette période) (4).
- De plus, il existe une période de temps durant laquelle il n’y a plus suffisamment d’AOM pour protéger le chaton mais il y en a tout de même trop pour que le vaccin soit efficace. On appelle cela la fenêtre de sensibilité (4) et durant cette période, un chaton ayant déjà reçu une dose de vaccin sera susceptible de tomber malade.
- La quantité d’AOM diminue avec le temps mais à des vitesses différentes selon les individus. Ainsi, certains chatons ne seront plus protégés dès 6 semaines et d’autres le seront encore à 12 semaines et plus (3).
Comment adapter la vaccination pour ces jeunes animaux ?
Figure 3 : Graphique représentant l’interférence entre AOM et vaccination
Prenons l’exemple du chaton 1 sur le schéma (Figure 8). On peut voir que le vaccin devient efficace à l’âge de 12 semaines environ. Avant ce moment, toutes les vaccinations n’auront pas fonctionnées. Ainsi, si on le vaccine 1 seule fois à l’âge de 8 semaines, le vaccin n’aura pas été efficace à cause de la présence des AOM. Il faut donc répéter la vaccination à l’âge de 12 semaines pour obtenir une immunité correcte pour ce chaton 1.
Le chaton 2 quand a lui sera protégé dès la vaccination à 8 semaines, une vaccination plus tardive l’exposerait plus longtemps au risque de se contaminer puisqu’il est sous le seuil de protection clinique dès 6 semaines environ. Passé ce seuil, le chaton peut développer des signes cliniques car il n’est plus protégé par les AOM de sa mère.
Comme la variation de la quantité d’AOM n’est pas la même pour tous les chatons, on ne peut pas savoir à quel moment la vaccination devient efficace. Face à cette incertitude, la solution est de répéter la vaccination chez les chatons, toutes les 4 semaines dès l’âge de 8 semaines pour assurer la protection de tous (3, 4). Une seule injection sera réellement efficace pour un chaton donné, mais on ne sait pas laquelle. La dernière injection se fait à 16 semaines, on considère en effet qu’après cet âge-là, presque 100% des chatons sont réceptifs à la vaccination (3, 4)
- Par contre, quand on commence la primovaccination chez un chaton de plus de 16 semaines, une seule injection suffit car le vaccin est très immunogène (Figure 4) (3, 4).
- Pour tous les animaux, il est indispensable de faire un rappel entre 6 mois et un an après la primovaccination puis tous les 3 ans pour garantir une protection toute la vie de l’animal (Figure 4) (3, 4).
Figure 4 : Protocole de vaccination complet du chat
Pour plus d’informations, n’hésitez pas à contacter votre vétérinaire pour qu’il mette en place un protocole de vaccination adapté à votre animal.
D'autres articles qui pourraient vous intéresser :
Les chats sont fréquemment touchés par des maladies respiratoires infectieuses. Cette maladie, plus communément appelée « le coryza du chat », est multifactorielle et implique plusieurs agents pathogènes différents.
La leucose féline est une maladie virale grave et incurable. C’est une maladie qui se transmet par échange de salive, et qui touche donc surtout les chats ayant accès à l’extérieur. Chez ces chats, la vaccination contre cette maladie est alors essentielle.
La rage est une maladie zoonotique grave principalement transmise par les chiens. La France est indemne de rage mais la vaccination reste obligatoire pour voyager pour les chiens et les chats.
Bibliographie
1. GREENE, Craig E. (éd.). Infectious diseases of the dog and cat. . 4th ed. St. Louis, Mo : Elsevier/Saunders, 2012, pp. 80-85. ISBN 978-1-4160-6130-4.
2. TRUYEN, Uwe, ADDIE, Diane, BELÁK, Sándor, BOUCRAUT-BARALON, Corine, EGBERINK, Herman, FRYMUS, Tadeusz, GRUFFYDD-JONES, Tim, HARTMANN, Katrin, HOSIE, Margaret J, LLORET, Albert, LUTZ, Hans, MARSILIO, Fulvio, PENNISI, Maria Grazia, RADFORD, Alan D, THIRY, Etienne et HORZINEK, Marian C. Feline Panleukopenia: ABCD Guidelines on Prevention and Management. Journal of Feline Medicine and Surgery. juillet 2009. Vol. 11, n° 7, pp. 538‑546. DOI 10.1016/j.jfms.2009.05.002.
3. DAY, M. J., HORZINEK, M. C., SCHULTZ, R. D. et SQUIRES, R. A. WSAVA Guidelines for the vaccination of dogs and cats: WSAVA Vaccination Guidelines. Journal of Small Animal Practice. janvier 2016. Vol. 57, n° 1, pp. E1‑E45. DOI 10.1111/jsap.2_12431.
4. STONE, Amy ES, BRUMMET, Gary O, CAROZZA, Ellen M, KASS, Philip H, PETERSEN, Ernest P, SYKES, Jane et WESTMAN, Mark E. 2020 AAHA/AAFP Feline Vaccination Guidelines. Journal of Feline Medicine and Surgery. septembre 2020. Vol. 22, n° 9, pp. 813‑830. DOI 10.1177/1098612X20941784.
Commentaires récents