Icone de chat

Parasitologie du chien et du chat

La leishmaniose

Introduction

La leishmaniose est une maladie infectieuse transmise par les piqûres de phlébotomes. Elle est causée par un protozoaire qui se multiplie dans certaines cellules immunitaires appelées phagocytes mononuclées. C’est une maladie très sévère qui peut évoluer vers la mort de l’animal sans prise en charge adaptée. Elle touche majoritairement le chien, mais de plus en plus de cas de leishmaniose sont décrits chez le chat.

C’est une maladie qui représente un risque pour l’homme car le parasite est zoonotique, ce qui entraîne chez les enfants et les adultes immunodéprimés une maladie appelée leishmaniose viscérale.

1. Comment se transmet la leishmaniose ? [1]

La leishmaniose est causée par la présence et la multiplication d’un protozoaire appelé Leishmania infantum en Europe. Ce parasite peut infecter les chiens mais aussi les renards en France. Des cas sont de plus en plus décrits chez le chat alors qu’avant cela était très rare.

Leishmania infantum est transmis par la piqûre de phlébotomes Phlebotomus, des Diptères ressemblant à des moustiques mais qui en réalité ont un cycle biologique différent (pour tout savoir sur les phlébotomes, n’hésitez pas à consulter l’article dédié).

La maladie est donc présente là où les phlébotomes sont présents, c’est-à-dire sur dans le Sud-Est de la France avec la Corse, ainsi qu’en Italie, en Espagne, au Portugal et en Grèce (Figure 1). La prévalence de la maladie est notamment de 10% dans certaines régions du sud de la France ou en Italie.

Mais la maladie commence à apparaître dans les régions du nord, notamment à cause du réchauffement climatique qui permet l’extension des zones de vie du phlébotome [2] (Figure 1). C’est un parasite qui est originaire de l’Amérique du Sud et Centrale, et qui a été ramené en Europe par les colons européens.

Les infections sont principalement du printemps à l’automne, car les phlébotomes ne sont pas actifs pendant l’hiver. Les animaux vivant en extérieur dans des zones de prolifération des phlébotomes sont plus exposés au risque d’infection. 

Figure 1 : Répartition géographique de la leishmaniose (Source : ESCCAP France)

Après piqûre par un phlébotome, le parasite pénètre dans l’organisme et infecte les macrophages, des cellules immunitaires (Figure 2). Il se multiplie dans les cellules et colonise tout l’organisme, provoquant des lésions sur de nombreux organes comme la peau, les ganglions lymphatiques, la rate, le foie, la moelle osseuse… [2]

Un phlébotome se contamine lui lors d’un repas sanguin sur un chien (ou potentiellement un renard) (Figure 2). Le parasite se retrouve dans son intestin et se multiplie puis remonte dans les glandes salivaires de l’insecte qui contaminera alors un nouveau chien.

La transmission de la leishmaniose est également possible de la mère au chiot.

Figure 2 : Transmission et circulation du parasite

2. Quels sont les signes cliniques de la leishmaniose ? [1]

Après infection, 3 issues sont possibles et sont les mêmes chez le chien et le chat :

→ 50% des animaux infectés auront une atteinte clinique qui survient plusieurs mois à plusieurs années après la piqûre, caractérisée par (Figure 3) :

  • Des signes généraux : abattement, anorexie, perte de poids, fonte musculaire, hyperthermie (qui peut parfois être absente)
  • Des anomalies sanguines : anémie, leucopénie, thrombopénie
  • Une adénomégalie
  • Des signes cutanés : tout d’abord un chancre d’inoculation (lésion ulcérative au niveau de la zone de piqûre par le phlébotome), puis perte de poils, pousse rapide des griffes, squamosis important, ulcères (dans le pavillon de l’oreille, sur la truffe, les coussinets et dans la bouche surtout), nodules sous la peau

→ 10% des animaux infectés vont éliminer naturellement le parasite [2]

→ 40% des animaux infectés seront porteurs du parasite mais ne seront pas malades [2]. Ils peuvent tout de même infecter de nouveaux phlébotomes.

L’animal pourra également souffrir de complications avec une atteinte des reins (insuffisance rénale chronique), une atteinte des articulations (polyarthrite) ou une atteinte oculaire (uvéite, kératite).

La leishmaniose est une maladie chronique qui évolue progressivement.  En fonction des signes cliniques présents chez l’animal, on pourra lui attribuer un stade clinique, allant du stade 1 « maladie légère » au stade 4 « maladie très grave », ce qui aide dans le pronostic. L’état général de l’animal peut rester satisfaisant plusieurs années, mais l’animal finira par décéder sans traitement.

Figure 3 : Signes cliniques de la leishmaniose

3. Comment traiter la leishmaniose ? [1]

Le traitement est long (de 6 à 12 mois), coûteux et fastidieux (avec des injections sous-cutanés tous les jours).

De plus, il permet de calmer les signes cliniques, mais ne permet pas d’éradiquer le parasite, les rechutes sont donc fréquentes, ce qui nécessite un suivi à vie de l’animal pour adapter le traitement.

4. Comment protéger son animal contre cette maladie ? [1]

Au vu de la difficulté que représente le traitement, il est important de protéger son animal contre cette maladie mortelle.

La prévention contre la leishmaniose passe essentiellement par la protection contre les piqûres de phlébotomes (détaillée dans l’article dédié), en : 

  • rentrant les chiens au crépuscule (en effet, le phlébotome est actif la nuit)
  • installer des moustiquaires pour éviter l’entrée des phlébotomes dans les habitations [2]
  • utilisant des molécules qui exercent un effet répulsif (sous pipette ou collier) pendant toute la saison de transmission, prescrit par un vétérinaire en fonction de l’animal [2]

Chez les chats vivant majoritairement en extérieur, la prévention est plus difficile. Il existe également des traitements répulsifs à mettre en place avec son vétérinaire si on vit dans une zone à risque.

Un vaccin est également disponible en France uniquement chez le chien, qui permet de réduire le risque de développer la maladie mais n’empêche pas l’infection (consultez l’article dédié). Malgré la vaccination, un animal doit donc toujours être protégé contre les phlébotomes.

D'autres articles qui pourraient vous intéresser :

La leptospirose canine est une maladie infectieuse d’origine bactérienne. Cette maladie est grave car elle peut être mortelle pour le chien, mais c’est aussi une maladie zoonotique.

Il existe également des vaccins contre la Toux du chenil, le Tétanos, la Leishmaniose, la Piroplasmose et la Borréliose. Les vaccinations contre ces maladies ne sont pas systématiques pour différentes raisons.

Bibliographie

[1] F. Beugnet, G. Miro, L. Halos, and J. Guillot, Abrégé de parasitologie clinique du chien et du chat. 2021

[2] ‘La leishmaniose’, ESCCAP France. https://www.esccap.fr/maladies-vectorielles/leishmaniose.html (accessed Sep. 28, 2022).


0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires