Reproduction du chien

Icone de chien

La stérilisation chez le chien

La stérilisation des animaux de compagnie est un pilier du contrôle des populations. Bien que ce ne soit pas le cas en France, les meutes de chiens sauvages sont très courantes dans certains pays. Les chats sont beaucoup plus problématiques en métropole et la population de chats errants est difficilement maîtrisée par les associations. Les propriétaires de chats sont directement impliqués puisque les chats domestiques non stérilisés sont une source directe de chats errants.

De plus, la stérilisation reste une demande courante afin d’éviter les portées non désirées chez les chiens comme les chats. Nous allons vous présenter ici quels sont les avantages et les inconvénients d’une stérilisation ainsi que les méthodes de stérilisation possible pour votre animal (chirurgicale ou hormonale)

I. Pourquoi stériliser son chien ?

C’est la question qu’on doit se poser avant  de décider de stériliser son chien, notamment pour la stérilisation chirurgicale qui est définitive. Les avantages de la stérilisation sont :

 

  • retirer la capacité de reproduction et donc limiter le risque de portées non désirées

 

  • retirer certaines comportements hormonodépendants :
    • chez le mâle : éviter le marquage urinaire, fugues pour aller chercher des femelles, agressivité notamment envers les autres mâles (1)
    • chez la femelle : arrêt des chaleurs (plus de perte de sang, plus d’attirance des mâles durant cette période)
  • diminuer le risque de certaines pathologies génitales :
    • chez le mâle : diminution des pathologies prostatiques autres que tumorales : plus de 95 % des chiens entiers de plus de 9 ans souffrent d’une atteinte non néoplasique de la prostate (2)
    • chez la femelle : pas de risque de pyomètre grâce à une stérilisation. Le pyomètre est une maladie qui touche près de 25% des femelles entières avant l’âge de 10 ans (3) et qui nécessite souvent une chirurgie et peut causer la mort de l’animal.
  • diminuer le risque d’autres pathologies chez la femelle : 
    • diminution du risque de tumeurs mammaires (4) (5): c’est les tumeurs les plus courantes chez la chienne avec 35 à 51 % de ces tumeurs qui sont malignes. Elles peuvent métastaser dans les nœuds lymphatiques et les poumons. Une stérilisation avant les premières chaleurs réduit le risque de tumeurs mammaires malignes de 98%,  mais une stérilisation après les deuxième chaleurs n’a plus ou peu d’effet protecteur contre les tumeurs mammaires
    • arrêt des lactations de pseudo-gestation : c’est un trouble apparaissant 6 à 8 semaines après les chaleurs et à l’origine de troubles du comportement (construction d’un nid, hyper-affectivité, maternage d’objet), développement mammaire avec possible lactation. Cela se produit au moins une fois dans la vie de 87% des chiennes et 50 à 75 % des chiennes développent couramment des pseudo-lactations.
  • augmentation globale de l’espérance de vie : d’après une étude (6) menée par Banfield Pet Hospital aux États-Unis, les animaux stérilisés ont une espérance de vie 23% plus longue chez les chiennes et 18% chez les chiens.  Cette augmentation de l’espérance de vie chez les animaux stérilisés peut s’expliquer par la diminution des pathologies décrites précédemment mais elle peut également être la conséquence d’un meilleur suivi médical des animaux stérilisés par rapport aux animaux entiers. 

II. Quelles sont les contre-indications à une stérilisation chirurgicale ?

Pendant certaines périodes de vie de l’animal, il est parfois contre-indiqué de réaliser la chirurgie et il sera nécessaire d’attendre un autre moment. En voici quelques-unes :

  • le risque anesthésique : certains animaux peuvent présenter un risque anesthésique trop important pour réaliser une chirurgie de convenance comme la stérilisation comme une pathologie cardiaque par exemple
  • surpoids de l’animal : il est préférable de faire perdre du poids à l’animal avant sa stérilisation car d’une part cela augmente le risque anesthésique et d’autre part, il sera bien plus difficile de lui faire perdre du poids après la stérilisation (voir risques à long terme plus bas)
  • gestation avancée : la mortalité de la mère pendant la chirurgie est nettement augmentée à partir de 50 jours de gestation.  
  • femelle en chaleur : la stérilisation pendant les chaleurs de la chienne est déconseillée, et un chirurgien préfère en général attendre la fin des chaleurs pour opérer dans les meilleures conditions.
  • femelle en lactation de pseudo-gestation : on attendra la fin de la lactation
  • vaginite de la chienne impubère : risque de persistance de l’affection en cas de stérilisation 

 

III. Quels sont les risques sur le long terme ?

Avant de prendre sa décision, il faut peser le pour et le contre. Il existe notamment quelques risques pouvant affecter votre animal à long terme :

  • prise de poids : la stérilisation de votre animal peut entraîner une importante prise de poids : dans une étude menée aux Etats-Unis (7), 66,4% des chiens stérilisés (mâles comme femelles) sont en surpoids ou obèses contre 34,2% des chiens entiers. Le risque d’apparition d’obésité est notamment plus élevé pendant les deux ans qui suivent la stérilisation . A ce risque d’obésité est associé un important risque de diabète sucré. Cependant, ce n’est pas une fatalité, tous les chiens de travail sont stérilisés et ils sont maintenus à un poids correct. Il est donc important d’adapter l’alimentation de votre animal stérilisé. Pour en savoir plus sur l’obésité, n’hésitez pas à consulter notre article dédié ici.
  • incontinence urinaire : la stérilisation des chiennes peut être à l’origine d’une incontinence urinaire : selon les études réalisées, 3 à 21% des chiennes stérilisées présentent une incontinence urinaire contre 0 à 1% chez les chiennes entières (4)
  • problèmes orthopédiques : une étude (8) a montré que les chiens stérilisés avaient 1,6 à 2,2 fois plus de risques d’avoir une rupture du ligament croisé crânial et 1,2 fois plus de risque d’avoir une dysplasie de la hanche.
  • augmentation du risque d’apparition de  certaines tumeurs (9):
    • ostéosarcome : 1,3 à 2x plus de risque (la prévalence dans la population canine totale est de 0,2%)
    • hémangiosarcome : 2,2 x plus de risque (la prévalence dans la population canine totale est de 0,2%)
    • tumeur de la prostate :  2,4 à 4,3x plus de risque (la prévalence dans la population canine totale est de 0,2 à 0,6%)

Globalement la stérilisation augmente le risque d’apparition de toutes les tumeurs autres que la tumeur mammaire qui est néanmoins la plus fréquente chez les chiennes.

IV. A quel âge stériliser son chien ?

L’âge de la stérilisation reste très débattu dans le monde. En Europe, on stérilise après la puberté, stériliser après les deuxièmes chaleurs ne permet plus de diminuer le risque de tumeurs mammaires. Mais on a une augmentation du risque de pathologie articulaire si on stérilise trop tôt. 

Une étude (10) a synthétisé les données pour donner des âges de stérilisation recommandés selon la race pour 35 races de chiens. Voici un extrait :

Berger australien
mâle/femelle

Pas d'incidence de l'âge

X

Après 6 mois

Après 11 mois

Après 23 mois

Border Collie
mâle/femelle

X

Boston Terrier
mâle

femelle

X

X

Berger Allemand
mâle/femelle

X

Labrador
mâle

femelle

X

X

V. Quelles sont les différentes méthodes de stérilisation?

La stérilisation chirurgicale

C’est la méthode de stérilisation la plus courante chez le chat comme le chien.

Chez la femelle :

    • ovariectomie : on retire les ovaires et l’oviducte. C’est la méthode utilisée chez les jeunes animaux.
    • ovariohystérectomie : on retire les ovaires, l’oviducte mais également l’utérus. On pratique cette méthode notamment chez les femelles de plus de 8 ans et les femelles ayant déjà mis-bas

La ligature des trompes ne fonctionne pas chez les animaux, et l’hystérectomie pure (retirer uniquement l’utérus en laissant les ovaires) ne permet pas l’arrêt des chaleurs de la chienne et est donc moins efficace.

Chez le mâle :

    • castration : on retire les testicules par une incision (méthode la plus courante) ou on peut également dé-vasculariser le testicule.
    • vasectomie : on sectionne le canal déférent et l’animal garde ses testicules mais ne peut plus excréter de spermatozoïdes.

La stérilisation médicale

Il est possible de   votre animal avec des médicaments. Cela peut se faire notamment si vous n’êtes pas sûr de ne pas vouloir faire reproduire votre animal ou pour les éleveur lorsqu’ils veulent mettre en pause l’un de leur reproducteur. C’est également un bon choix lorsque le risque anesthésique est trop important pour la chirurgie.

Pour cela on utilise des   qui vont conduire à l’arrêt de l’activité des ovaires ou des testicules.

Attention ! Après la mise en place de l’implant, on va avoir chez le mâle un effet stimulant les 2-3 premières semaines avant l’arrêt de la production de spermatozoïdes pendant 6 mois à 2 ans selon les individus. De même, chez les femelles, il y aura induction de chaleur fertile dans la semaine qui suit la pose de l’implant. Il faut donc prendre garde après la pose de l’implant.

En théorie on renouvelle l’implant tous les 6 mois mais chez certains chiens l’implant peut fonctionner pendant 2 ans. Afin de savoir quand renouveler le traitement, on peut mesurer la taille des testicules : en effet leur taille diminue d’un tiers après la pose de l’implant et augmente lorsqu’il ne fait plus d’effet. Certains propriétaires attendent leur retour du comportement sexuel pour renouveler l’implant.
Chez les chiennes, la durée d’efficacité est variable également, mais à part le retour en chaleur on n’a pas de méthode d’observation d’une diminution d’efficacité de l’implant donc on le renouvelle tous les 6 mois.

Un implant de 6 mois coûte environ 100€ et peut se réaliser chez un animal vigile ou tranquillisé.

Inconvénients :

    • exacerbation de l’activité sexuelle chez le chien mâle pendant les 15 premiers jours
    • induction de chaleurs chez la chienne
    • prise de poids comme celle observée lors de la stérilisation chirurgicale
    • des études sont en cours sur les conséquences sur la fertilité après arrêt de l’implant : il ne semble pas y avoir de conséquences mais certains résultats sont mitigés.

Il est également possible de se procurer des progestagènes qui reporte les chaleurs par l’administration d’un comprimé disponible en pharmacie. Cependant, l’utilisation de ces molécules est désormais très déconseillée car il y a beaucoup d’effets secondaire très à risque :

    • pyomètre
    • augmentation du risque de tumeurs mammaires
    • prise de poids
    • diabète sucré
    • acromégalie

De plus, une seule administration peut altérer définitivement la mise à la reproduction de la chienne.

D'autres articles qui pourraient vous intéresser :

Des vidéos expliquant le principe du médical training et comment le mettre en place. 

Publié le 06/01/2024

Présentation des causes de surpoids et des risques associés, la prise en charge possible ainsi que ce qui peut être fait pour l’éviter.

Publié le 06/01/2024

Présentation des principaux vers ronds pouvant affecter le chien ou le chat au niveau de la sphère digestive.

Publié le 06/01/2024

Bibliographie

1. MAARSCHALKERWEERD, R. J., ENDENBURG, N., KIRPENSTEIJN, J. et KNOL, B. W. Influence of orchiectomy on canine behaviour. Veterinary Record. 1997. Vol. 140, n° 24, pp. 617‑619. DOI 10.1136/vr.140.24.617.
2. GOBELLO, Cristina et CORRADA, Yanina. Noninfectious prostatic diseases in dogs. Compendium on Continuing Education for the Practicing Veterinarian. 1 février 2002. Vol. 24, pp. 99‑108.
3. EGENVALL, Agneta, HAGMAN, Ragnvi, BONNETT, Brenda N et LAGERSTEDT, Anne-Sofie. Breed Risk of Pyometra in Insured Dogs in Sweden. . pp. 9.
4. REICHLER, IM. Gonadectomy in Cats and Dogs: A Review of Risks and Benefits. . 2009. pp. 7.
5. BEAUVAIS, W., CARDWELL, J. M. et BRODBELT, D. C. The effect of neutering on the risk of mammary tumours in dogs – a systematic review. Journal of Small Animal Practice. juin 2012. Vol. 53, n° 6, pp. 314‑322. DOI 10.1111/j.1748-5827.2011.01220.x.
6. BANFIELD STATE HOSPITAL. State of Pet Health 2013 Report. . pp. 2.
7. LEFEBVRE, Sandra L., YANG, Mingyin, WANG, Mansen, ELLIOTT, Denise A., BUFF, Preston R. et LUND, Elizabeth M. Effect of age at gonadectomy on the probability of dogs becoming overweight. Journal of the American Veterinary Medical Association. 15 juillet 2013. Vol. 243, n° 2, pp. 236‑243. DOI 10.2460/javma.243.2.236.
8. WITSBERGER, Tige H., VILLAMIL, J. Armando, SCHULTZ, Loren G., HAHN, Allen W. et COOK, James L. Prevalence of and risk factors for hip dysplasia and cranial cruciate ligament deficiency in dogs. Journal of the American Veterinary Medical Association. 15 juin 2008. Vol. 232, n° 12, pp. 1818‑1824. DOI 10.2460/javma.232.12.1818.
9. ROOT KUSTRITZ, Mv. Effects of Surgical Sterilization on Canine and Feline Health and on Society: Small Animal Gonadectomy. Reproduction in Domestic Animals. août 2012. Vol. 47, pp. 214‑222. DOI 10.1111/j.1439-0531.2012.02078.x.
10. HART, Benjamin L., HART, Lynette A., THIGPEN, Abigail P. et WILLITS, Neil H. Assisting Decision-Making on Age of Neutering for 35 Breeds of Dogs: Associated Joint Disorders, Cancers, and Urinary Incontinence. Frontiers in Veterinary Science. 7 juillet 2020. Vol. 7, pp. 388. DOI 10.3389/fvets.2020.00388.

5 1 vote
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires