Les dirofilarioses
Introduction
Les dirofilarioses sont des maladies parasitaires touchant le chien et le chat et transmises par des piqûres de moustiques de la famille des Culicidés. [1][2] On distingue la dirofilariose cardio-pulmonaire ou « maladie du ver du coeur » [3] qui peut s’avérer mortelle, et la dirofilariose sous-cutanée [1], qui est moins grave chez les animaux domestiques.
1. Quels sont les parasites impliqués ?
Les dirofilarioses sont transmises par les moustiques (pour tout savoir sur les moustiques, n’hésitez pas à consulter l’article dédié) et causées par le développement de nématodes (des vers) appartenant au groupe des filaires :
- Dirofilaria immitis, agent responsable de la dirofilariose cardio-pulmonaire, se multiplie dans le cœur et les artères pulmonaires.
La dirofilariose cardio-pulmonaire touche surtout les chiens et autres espèces de canidés, mais les chats peuvent aussi être infestés, même s’ils sont moins réceptifs [1]. La fréquence de la maladie est 10 fois plus faible chez le chat que chez le chien [3]. La maladie est largement répandue dans le monde [1]. Elle est particulièrement fréquente dans les zones tropicales, avec 20 à 60% des chiens infestés. On la retrouve également dans les départements et régions d’outre-mer. En Europe, elle est principalement présente en Espagne et en Italie, pendant la période de développement des moustiques. En France, le parasite est présent uniquement dans le sud [3] (Figure 1).
Figure 1 : Répartition géographique de la dirofilariose cardio-pulmonaire (Source : ESCCAP France)
- Dirofilaria repens, agent responsable de la dirofilariose sous-cutanée, se multiplie dans les tissus sous-cutanés [1]
La dirofilariose sous-cutanée touche principalement les canidés, mais aussi le chat même si c’est plus rare. Elle est retrouvée dans le monde entier, souvent dans les mêmes régions que la dirofilariose cardio-pulmonaire.
2. Comment se transmettent les dirofilarioses ? (Figure 2)
Après piqûre d’un moustique, des larves de parasite sont déposées sur la surface cutanée d’un chien ou d’un chat. Ces larves migrent dans la peau grâce à la plaie de piqûre du moustique. Les larves vont migrer différemment en fonction de l’espèce :
- pour D. immitis, les larves atteignent les artères pulmonaires et le cœur. Les larves se développent en parasite adulte, qui vont ensuite se reproduire.
- pour D. repens, les larves restent dans le tissu sous-cutané puis se développent en parasite adultes, qui vont former des nodules et se reproduire.
La femelle libère alors des larves appelées microfilaires qui se disséminent dans la circulation sanguine. Le moustique se contamine alors en ingérant du sang contenant des larves du parasite, plus généralement en piquant un chien (en effet, chez le chat, peu de larves sont libérées dans la circulation sanguine).
Le parasite peut aussi être transmis à l’Homme par la piqûre d’un moustique, mais les larves ne survivent pas et meurent en formant des kystes dans les poumons.
Figure 2 : Transmission et circulation des parasites
Les parasites adultes sont capables de survivre plusieurs années dans l’organisme du chien. L’infestation peut donc devenir massive car les parasites s’accumulent. Cela induit le développement d’une insuffisance cardiaque, avec apparition progressive de troubles cardio-respiratoires.
On aura différents stades de la maladie (Figure 3) [1][2] :
• Le stade 1 correspond à la forme légère, où le chien sera fatigué et aura moins d’appétit.
• Le stade 2 correspond à une forme modérée, où le chien va tousser et avoir du mal à respirer pendant un effort, et sera essoufflé.
• Le stade 3 correspond à une forme sévère, où le chien présente une fréquence cardiaque augmentée, des difficultés à respirer, une toux même au repos, une ascite (accumulation de liquide dans l’abdomen) et une insuffisance rénale chronique. L’animal se dégrade alors rapidement, perd du poids et finit par mourir de détresse respiratoire ou d’une embolie pulmonaire (obstruction de l’artère pulmonaire due à des fragments de parasites).
• Le stade 4 est lui rencontré en cas d’infestation massive. On aura dans ce cas une anémie liée à une destruction soudaine et intense de ses cellules sanguines et une mort rapide de l’animal.
Figure 3 : Signes cliniques chez le chien
Comment traiter la dirofilariose cardio-pulmonaire chez le chien ?
Les dirofilarioses sont généralement diagnostiquées par mise en évidence des larves du parasite dans le sang. [1][2] Le traitement est possible par :
- voie médicale : le protocole est contraignant et très long (presque 3 mois), allie plusieurs molécules utilisées de manière séquentielle et peut entraîner des effets indésirables et notamment des réactions allergiques lors de la mort des larves présentes dans le sang. Un élément essentiel du traitement est la mise au repos de l’animal [3].
- voie chirurgicale : on peut extraire les parasites adultes en cas d’infestation massive, mais c’est une procédure lourde et difficile avec beaucoup de risques.
Chez le chat, l’infestation est généralement moins importante, et les parasites survivent généralement moins longtemps que chez le chien. De plus, chez le chat, le parasite va principalement infester les poumons et non le cœur. On appellera alors la dirofilariose cardio-pulmonaire « HARD » pour « Heart-worm associated respiratory disease », ou « maladie respiratoire associée aux vers du coeur » [2].
L’animal peut alors présenter (Figure 4) :
- Des signes généraux avec de l’anorexie, de la léthargie et une perte de poids
- Des signes pulmonaires avec de la dyspnée principalement, mais aussi parfois de la toux et des éternuements
- Des signes digestifs avec des vomissements ou de la diarrhée
Une infestation massive peut conduire à une mort rapide de l’animal, parfois même sans aucun signe clinique remarqué.
Figure 4 : Signes cliniques chez le chat
Comment traiter la dirofilariose cardio-pulmonaire chez le chat ?
Les dirofilarioses sont généralement diagnostiquées par mise en évidence des larves du parasite dans le sang.
Chez le chat, le traitement contre la dirofilariose cardio-pulmonaire est difficile [2]. En effet, les traitements disponibles à ce jour ne sont pas très efficaces contre les parasites adultes, il est donc difficile de parvenir à tuer tous les parasites, le chat reste souvent infecté pour une longue période et peut présenter des rechutes de la maladie qui nécessite une prise en charge d’urgence. Le traitement passe donc uniquement par une destruction des larves dans le sang. Comme chez le chien, un traitement chirurgical est possible mais c’est une procédure lourde et difficile avec beaucoup de risques.
La dirofilariose sous-cutanée est d’une importance moindre en médecine vétérinaire, en effet l’infestation est généralement asymptomatique. Les parasites forment des nodules sous-cutanés d’un diamètre de 3 à 6 cm, qui peuvent parfois démanger l’animal et être associé à des pertes de poils, des rougeurs et une inflammation cutanée.
Les dirofilarioses sont généralement diagnostiquées par mise en évidence des larves du parasite dans le sang.
Il n’existe pour le moment aucun traitement connu pour tuer les parasites adultes. Les nodules peuvent être retirés par exérèse chirurgicale, et les larves circulant dans le sang peuvent être détruites grâce des vermifuges.
6. Comment protéger son animal contre ces maladies ? [1]
La prévention contre les dirofilarioses passe par la protection contre les moustiques (détaillée dans l’article dédié), par application régulière d’insecticide à effet répulsif (en pipette ou colliers) pendant la saison estivale.
Attention, certains insecticides destinés aux chiens sont toxiques chez le chat, il est important de demander conseil à son vétérinaire.
La prévention passe aussi par la chimioprophylaxie, avec l’administration de vermifuge adapté qui détruit les larves avant qu’elles ne deviennent adultes [3] :
- Pour les animaux voyageant dans des zones où les parasites sont très présents, on pourra mettre en place une prévention au moment du voyage pour protéger l’animal, et les traitements seront continués jusqu’à 1 mois après le retour du voyage.
- Pour les animaux vivant dans des zones où les parasites sont très présents, on maintient la chimioprophylaxie pendant toute la saison des moustiques, parfois même toute l’année.
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La leptospirose canine est une maladie infectieuse d’origine bactérienne. Cette maladie est grave car elle peut être mortelle pour le chien, mais c’est aussi une maladie zoonotique.
Il existe également des vaccins contre la Toux du chenil, le Tétanos, la Leishmaniose, la Piroplasmose et la Borréliose. Les vaccinations contre ces maladies ne sont pas systématiques pour différentes raisons.
Bibliographie
[1] F. Beugnet, G. Miro, L. Halos, and J. Guillot, Abrégé de parasitologie clinique du chien et du chat. 2021.
[2] Greene, C.E. (ed.) (2012) Infectious diseases of the dog and cat. 4th ed. St. Louis, Mo: Elsevier/Saunders.
[3] ‘La dirofilariose cardiopulmonaire ou « maladie du ver du cœur », ESCCAP France. https://www.esccap.fr/maladies-vectorielles/dirofilariose-filaires-ver-coeur.html (accessed Sep. 13, 2022).
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