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Parasitologie du chien et du chat

Les parasites digestifs : les vers ronds

Introduction
De nombreux parasites internes peuvent infester les chiens et les chats. Ils peuvent appartenir à différentes catégories : 
  • les nématodes aussi appelés « vers ronds »
  • les cestodes aussi appelés « vers plats »
  • les protozoaires qui sont des organismes unicellulaires
Cet article présente les principaux vers ronds pouvant affecter le chien ou le chat au niveau de la sphère digestive. Tous les parasites existant n’ont pas été traités, certains plus rares peuvent également affecter votre animal. Une vermifugation régulière permet d’éliminer la plupart de ces parasites et éviter l’apparition de signes cliniquesDe plus, certains de ces parasites sont transmissibles à l’homme rendant la vermifugation d’autant plus importante.
1. L'ankylostomose [1]

Les ankylostomes sont des parasites de l’intestin grêle du chien et du chat. Ils sont hématophages, c’est-à-dire qu’ils se nourrissent de sang et de la muqueuse intestinale. C’est un parasite zoonotique : il peut se développer sous forme adulte dans l’intestin de l’Homme ou causer une larva migrans (pénétration au travers de la peau).

Ankylostoma caninum est spécifique du chien tandis qu’Uncinaria stenocephala est présent chez le chien et le chat.

Comment l’animal s’infeste-t-il ? (Figure 1)

  • par voie percutanée (voie principale) : les larves sont capables de traverser la peau pour entrer dans l’organisme. De la même façon, elles peuvent entrer et s’enkyster dans une souris ou un rat
  • par voie orale : en consommant ou en léchant des matières souillées par des fèces contenant des œufs ou un animal (rat ou souris) infesté.
  • par le lait maternel : ces nématodes peuvent également s’enkyster dans divers tissus et organes de la chienne ou de la chatte et se réactiver au moment de la gestation. Elles vont alors infester les chiots ou chatons via le lait.
 Figure 1 : Cycle des ankylostomes
 
→ Quelles sont les conséquences d’une infestation ?
  • Signes digestifs : les vers adultes causent une entérite (inflammation du tube digestif) hémorragique congestive et avec une diarrhée systématique qui peut-être hémorragique, noirâtre avec A.caninum
  • Signes généraux : en cas de forte infestation, l’animal peut présenter une anémie, une perte de poids avec fonte musculaire, de l’abattement et de l’essoufflement
  • Signes cutanés là où les larves passent la peau (lésions papulaires, squames, prurit). Ces lésions peuvent s’infecter et aboutir à une pyodermite
  • Signes respiratoires : lors de leur migration les larves vont passer par les voies respiratoires, pouvant provoquer de la toux, une modification de la voix voir une pneumonie chez les jeunes individus

Comment prévenir une infestation ?

En cas de forte contamination environnementale, il faut recouvrir les zones de terre avec du gravier, retirer régulièrement les déjections, nettoyer les surfaces en béton et contrôler la présence de rongeurs.

Quels sont les risques pour l’Homme ?

Les larves peuvent passer la barrière cutanée chez l’Homme également (typiquement quand une personne se promène pieds nus sur une pelouse infestée). Cela va alors provoquer dermatite rampante ankylostomienne à l’origine d’importantes démangeaisons.

2. Les ascaridoses [1]

La toxocarose est causée par la présence de vers du genre Toxocara dans l’intestin grêle du chien et du chat. Plusieurs espèces peuvent infester le chien : Toxocara canis et Toxascaris leonina. Le chat quant à lui est infesté par Toxocara felis et Toxascaris leonina. C’est la parasitose due à des vers la plus fréquente : 10 à 20 % des chiens et des chats de zones urbaines comme rurales sont infestés [1]. La gestion de ce parasite est un enjeu sanitaire car c’est une maladie zoonotique !

Les adultes mesurent 5 à 15 cm de long et peuvent être excrétés en vomissant. Les femelles pondent des dizaines de milliers d’œufs chaque jour ! De plus, les œufs sont très résistants dans le milieu extérieur : ils survivent à des températures allant de -10°C à 45°C et restent viables de 2 à 5 ans.

Comment l’animal s’infeste-t-il ? (Figure 2)

  • par voie orale : en consommant des matières souillées par des fèces, un rat ou une souris contaminée ou en léchant le pelage d’un congénère infestée
  • pendant la gestation : les larves peuvent s’enkyster dans divers tissus ou organes et se réactivent au moment des chaleurs ou de la mise bas. Il va alors y avoir contamination des fœtus via le placenta
  • via le lait maternel

Les humains se contaminent généralement en ingérant des œufs microscopiques sur des aliments souillés (ex : légumes crus mal lavés) ou en mettant ses mains sales à sa bouche (très fréquent chez les enfants).

Figure 2 : Cycle des parasites à l’origine de la maladie

Quelles sont les conséquences d’une infestation ?

Cette parasitose touche essentiellement les jeunes de moins d’un an avec des troubles souvent observés au sevrage. Les adultes sont généralement des porteurs asymptomatiques et sont donc considérés comme une source de contamination des jeunes. Mais il est parfois possible d’observer des signes cliniques chez les animaux âgés :

  • signes respiratoires : toux due à la migration des larves au niveau des poumons et des bronches.
  • signes digestifs : alternance de diarrhée et constipation, distension abdominale, vomissements avec parfois expulsion de vers.
  • signes cutanés : poils ternes, pellicules, démangeaisons.
  • signes généraux : retard de croissance, appétit irrégulier, amaigrissement dû à l’action spoliatrice des vers (les parasites consomment des nutriments du tube digestif qui ne pourront donc pas être assimilés par l’animal).

S’ils sont présents en très grand nombre, ces vers peuvent obstruer le tube digestif d’un chiot et conduire à sa mort. La toxocarose est donc une maladie grave pour les chiots et chatons de moins de 6 mois car ils y sont plus réceptifs. Chez l’adulte, la plupart du temps le système immunitaire jugule l’infestation mais des infestations importantes restent possibles.

De plus, une infestation par Toxocara va être à l’origine d’une immunodépression car le système immunitaire va « se concentrer » sur l’élimination des vers et sera donc moins efficace pour lutter contre une autre affection.

Quels sont les risques pour l’Homme ?

Si un œuf est ingéré par un humain, la larve va migrer dans l’organisme avant de mourir car l’homme n’est pas un bon hôte pour ce parasite. Néanmoins dans de rares cas, les larves peuvent se retrouver au niveau des yeux ou même du cerveau avec des conséquences potentiellement graves (perte de vision, méningite). En Europe, on estime que 20 % de la population a été à un moment ou un autre contaminée par ces parasites [2]. Les enfants sont les plus exposés par leur mode de vie  (jeux dans la terre ou des bacs à sable souillés par des animaux errants) et une hygiène moins stricte que les adultes.

Afin de limiter la contamination de l’environnement :

  • Ramassez les crottes de votre chien ou de votre chat que ce soit en ville ou dans le jardin.
  • Ne laissez pas vos animaux accéder au potager, aux plages, aux espaces de jeu. Si vous possédez un bac à sable, placez-y un couvercle quand les enfants n’y sont pas.
  • Lavez bien les légumes de votre potager (même si votre animal n’y a pas accès, des chats errants y vont peut-être faire leurs besoins).
3. La stongyloïdose [1]

Cette maladie est causée par la présence de Strongyloides stercoralis qui se retrouvent dans l’intestin du chien, du chat et de l’homme provoquant une entérite sévère. C’est une maladie peu fréquente en France, la plupart des cas sont importés depuis des régions chaudes et humides.

Comment l’animal s’infeste-t-il ? (Figure 3)

L’animal ou l’homme peut s’infester :

  • par voie per-cutanée principalement : les larves passent la barrière cutanée pour rejoindre la circulation sanguine et migrer jusqu’à l’intestin.
  • par voie oro-fécale : en consommant des matières souillées par des fèces mais les larves ont besoin d’un lieu humide et meurent rapidement dans des conditions plus sèches.
  • par le lait maternel

Figure 3 : Cycle de Strongyloides stercoralis

Quelles sont les conséquences d’une infestation ?

  • Signes digestifs : entérite sévère (colique, diarrhée) 
  • Syndrome fébrile (fièvre, tremblements, léthargie)
  • Signes cutanés : apparition de papule là où les larves sont entrées
  • Signes respiratoires : toux causée par la migration des larves
  • Retard de croissance chez le chiot en cas d’atteinte chronique

Quels sont les risques pour l’Homme ?

Comme pour les animaux, les larves peuvent passer la barrière cutanée et migrer jusqu’aux intestins. Dans le cas de déficit immunitaire, les larves peuvent infester l’organisme et être à l’origine d’une strongyloïdose disséminée.

4. La trichurose du chien [1]

La trichurose est une maladie parasitaire causée par la présence de ver du genre Trichuris dans le gros intestin des chiens. Chez le chien, l’infestation est causée par Trichuris vulpis. Le chat est très rarement atteint (aucun cas en France, 1 cas rapporté en Pologne).

Comment l’animal s’infeste-t-il ? (Figure 4)

Le chien s’infeste en consommant des matières contenant des œufs. Les œufs de trichures peuvent survivre des années dans le sol.

Figure 4 : Cycle de Trichuris vulpis

Quelles sont les conséquences d’une infestation ?

En cas de faible infestation, l’animal est asymptomatique. Mais en cas d’infestation massive on a :

  • Une anémie (car les vers se nourrissent de sang)
  • Des signes digestifs : colite avec diarrhée parfois hémorragique alternant avec des phases de constipation
  • Une perte de poids importante en cas d’infestation chronique

Comment prévenir une infestation ?

En cas d’infestation de l’environnement, il est important de nettoyer les surfaces dures, retourner les sols meubles pour enterrer les œufs ou de mettre des gravillons pour limiter le risque d’ingestion des œufs. Mais la gestion est très difficile car les œufs sont très résistants dans l’environnement.

5. La spirocercose du chien [1]

La spirocercose est une maladie causée par l’infestation de Spirocerca lupi, un nématode qui va coloniser la paroi de l’oesophage et de l’estomac des chiens. C’est une maladie rare en France métropolitaine mais qu’on retrouve beaucoup en zone tropicale comme dans les DROM-COM par exemple. Les cas en France métropolitaine sont donc principalement des cas importés. C’est une parasitose grave difficilement curable.

Comment l’animal s’infeste-t-il ? (Figure 5)

Le chien s’infeste en consommant un bousier, une souris, une poule ou un lézard.

Les larves vont alors se retrouver dans son estomac et vont migrer via la paroi jusqu’à l’œsophage. Une fois au niveau de l’oesophage, elles vont former des nodules avant de devenir adultes. Les œufs produits seront alors éliminés dans les fèces du chien.

Figure 5 : Cycle de Spirocerca lupi

Quelles sont les conséquences d’une infestation ?

  • salivation, vomissement, régurgitation en lien avec la gêne occasionnée par les nodules au niveau de l’œsophage
  • signes respiratoires (toux, dyspnée)
  • syncope
  • hémorragie : en effet lors de leur migration les larves vont léser les parois des vaisseaux sanguins et parfois de l’aorte, pouvant être à l’origine d’hémorragie interne fatale
  • tumeurs œsophagiennes

De plus, la spirocercose peut provoquer une maladie appelée ostéopathie hypertrophiante pneumique, qui touche les os et les articulations, fréquente et incurable la plupart du temps.

Comment traiter ces maladies ? [1]

L’administration de vermifuge permet de traiter la plupart des parasitoses dues à des vers. Référez-vous à votre vétérinaire pour savoir quelle molécule utiliser dans quelles conditions et à quelle fréquence. 

Certaines maladies nécessitent des traitements spécifiques. Les signes digestifs et généraux peuvent être diminués via un traitement symptomatique pour limiter la diarrhée notamment.

N’hésitez pas à consulter notre article sur les traitements antiparasitaires disponible ici !

Nous rappelons qu’il est recommandé de vermifuger les chiots et chatons dès l’âge de 15 jours puis tous les 15 jours jusqu’au sevrage (car il est possible que le chiot ou le chaton soit contaminé par le lait de sa mère) puis 1 fois par mois jusque 6 mois

On recommande de vermifuger les adultes tous les 3 mois ou de réaliser un examen coproscopique tous les trimestres et d’adapter le traitement en fonction des résultats. Pour les femelles reproductrices, il est important de vermifuger au moment des chaleurs pour éviter la contamination des foetus. Pour certaines maladies, il est recommandé de vermifuger tous les mois si votre animal est dans une zone à risque. Demandez conseil à votre vétérinaire.

Dans les familles avec des enfants de moins de 10 ans, il est conseillé de vermifuger tous les mois pour limiter le risque de contamination de l’enfant.

D'autres articles qui pourraient vous intéresser :

La leptospirose canine est une maladie infectieuse d’origine bactérienne. Cette maladie est grave car elle peut être mortelle pour le chien, mais c’est aussi une maladie zoonotique.

Il existe également des vaccins contre la Toux du chenil, le Tétanos, la Leishmaniose, la Piroplasmose et la Borréliose. Les vaccinations contre ces maladies ne sont pas systématiques pour différentes raisons.

Bibliographie

1. BEUGNET, Frédéric, Miro, Guadalupe et HALOS, Lénaïg, Guillot, Jacques. Abrégé de parasitologie clinique du chien et du chat. . 2021. ISBN 978-2-9550805-4-2.

2. LEBIS. Accueil NW. ESCCAP France.]. Disponible à l’adresse: https://www.esccap.fr/

 

 

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