Les piroplasmoses
Introduction
La piroplasmose est une maladie infectieuse transmise par des tiques, et causée par la multiplication d’un protozoaire dans les hématies des chiens et des chats [1].
C’est une maladie très courante chez les chiens qui peut entraîner des signes cliniques graves et mener à la mort de l’animal sans mise en place d’un traitement.
Chez le chat, cette maladie est beaucoup moins fréquente, mais elle commence à émerger en Europe et peut avoir des conséquences graves.
1. Comment se transmet la piroplasmose ? [2]
La piroplasmose est causée par un protozoaire du genre Babesia. Plus de 100 espèces de Babesia ont été décrites dans le monde aujourd’hui.
Les animaux se contaminent via la morsure d’une tique (Figure 1). Lorsqu’un animal est piqué par une tique, celle-ci se nourrit de son sang. Lors de son repas, elle libère les protozoaires présents dans ses glandes salivaires qui entrent alors dans la circulation sanguine du chien ou du chat. Les protozoaires pénètrent les cellules sanguines, dans lesquelles ils vont se multiplier. La cellule sanguine est alors détruite, et les nouveaux protozoaires peuvent en coloniser de nouvelles.
Lorsque l’animal contaminé se fait piquer par une nouvelle tique, celle-ci ingère des cellules sanguines contaminées (Figure 1). Le protozoaire se retrouve alors dans son tube digestif, puis migre dans ses glandes salivaires et dans ses ovaires. A partir de là, la tique pourra contaminer un nouvel animal, mais aussi sa descendance (car le pathogène est présent dans ses organes reproducteurs).
[1] Un élément à prendre en compte est le fait que lors de son repas sanguin, la tique ne transmet le pathogène que 48 à 96 heures après sa fixation sur l’animal. Ainsi, le retrait des tiques dès que possible après leur fixation contribue à la prévention de la transmission de la maladie. C’est pour cette raison notamment qu’il est conseillé de vérifier la présence de tiques chez l’animal après chaque balade pour le chien, et très régulièrement chez le chat.
Figure 1 : Transmission et circulation du parasite
Les chiens sont principalement infectés par Babesia canis, une espèce de piroplasme transmise par la tique Dermacentor reticulatus très active en Europe (pour tout savoir sur les tiques et les maladies qu’elles peuvent transmettre, n’hésitez pas à consulter l’article dédié). Mais il faut garder en tête que d’autres espèces de protozoaire peuvent provoquer cette maladie chez le chien.
La piroplasmose est donc très fréquente dans les régions où la tique vectrice est très active, notamment dans le Sud-Ouest [3]. C’est une maladie saisonnière avec un pic au printemps et un pic en automne, car le froid hivernal et la sécheresse estivale permettent une réduction de l’activité des tiques.
Quels sont les signes cliniques ? (Figure 2)
Les signes cliniques de la maladie sont généralement aiguës avec :
- Des signes généraux : abattement, anorexie, hyperthermie importante (jusqu’à plus de 40°C)
- Des anomalies sanguines : anémie, thrombopénie
- Le développement d’une insuffisance rénale aiguë et d’une insuffisance hépatique
- Des modifications urinaires avec une coloration intense de l’urine, jaune ou orange, parfois presque noire
La maladie peut évoluer vers le décès de l’animal sans traitement adapté, souvent lié à l’insuffisance rénale aiguë provoquée.
Figure 2 : Signes cliniques de la piroplasmose chez le chien
Comment traiter la piroplasmose chez le chien ?
La piroplasmose canine est diagnostiquée par prélèvement de quelques cellules sanguines et observation au microscope pour identifier visuellement le parasite [3]. Mais il est parfois difficile de le visualiser, ainsi un envoi du sang au laboratoire peut être préconisé pour confirmer l’infection.
Le traitement de la piroplasmose canine est à base d’une molécule spécifique qui détruit les protozoaires [3], qui s’appelle l’imidocarbe, qui s’utilise sous forme injectable. L’amélioration clinique après traitement arrive dans les 36h, mais des effets secondaires (injection douloureuse, vomissement, diarrhée) sont fréquents dans les 15 min après injection.
Les rechutes sont malheureusement fréquentes, nécessitant souvent une deuxième injection du médicament. On associe à ce traitement spécifique un traitement symptomatique (perfusion pour soutenir les reins, transfusion en cas d’anémie sévère), pour soutenir l’animal dans sa guérison.
La piroplasmose chez les chats est une maladie moins fréquente et qui a été moins étudiée pour le moment. Chez les chats, on distingue deux types de piroplasmoses :
- la babésiose causée par Babesia felis et d’autres sous espèces de Babesia canis, dont l’espèce de tique vectrice est encore inconnue aujourd’hui [2].
- La cytauxzoonose causée par Cytauxzoon sp, principalement présente en Amérique mais qui commence à faire son apparition en Europe, donc les tiques vectrices sont peu fréquentes en France.
Chez le chat, les signes cliniques sont différents selon l’espèce de piroplasme impliquée.
Quels sont les signes de la cytauxzoonose ? (Figure 3)
Pour la cytauxzoonose, on a généralement une maladie aiguë, qui se caractérise par :
- Des signes généraux : hyperthermie importante, abattement
- Des signes respiratoires : dyspnée
- Des anomalies sanguines : anémie et thrombopénie
La maladie peut évoluer vers un syndrome inflammatoire majeur et une défaillance multiviscérale (c’est-à-dire que plusieurs organes du chat peuvent se détériorer rapidement), pouvant mener à la mort de l’animal.
Le traitement de la cytauxzoonose doit être précoce et nécessite une hospitalisation. Il est composé de molécules antimicrobiennes associées à un traitement symptomatique (perfusion pour les hydrater, oxygénothérapie pour les aider à respirer, transfusion en cas d’anémie sévère). La guérison peut être lente. Généralement, l’état de l’animal se dégrade dans les 24 à 48 premières heures, puis s’améliore progressivement.
Quels sont les signes de la babésiose ? (Figure 3)
Pour la babésiose, l’animal ne présente généralement pas d’hyperthermie. La maladie se caractérise plutôt par :
- Des signes généraux : anorexie et abattement
- Des anomalies sanguines : anémie (pouvant être sévère)
- Un ictère lié à une défaillance du foie
Le traitement de la babésiose est plus complexe. En effet, une molécule antimicrobienne a montré une bonne efficacité, mais avec des effets secondaires importants et une potentielle toxicité. C’est un traitement qui doit être répété et potentiellement donné sur du long terme. On y associe aussi un traitement symptomatique. Généralement les chats répondent bien au traitement, mais la babésiose présente tout de même un taux de mortalité évalué à 15%.
Figure 3 : Signes cliniques de la piroplasmose chez le chat
4. Comment protéger son animal contre cette maladie ?
La prévention de cette maladie passe surtout par la lutte contre les tiques (détaillée dans cet article), en contrôlant régulièrement l’animal pour retirer les tiques, et en appliquant des traitements antiparasitaires réguliers.
Il existe également une vaccination contre la piroplasmose chez le chien, qui peut être conseillé pour certains chien considérés très à risques. La vaccin contre la piroplasmose n’est pas efficace à 100%, mais il permet de réduire le risque de contamination et de diminuer la sévérité des signes cliniques en cas d’infection [3]. Malgré ce vaccin, les traitements antiparasitaires et le contrôle régulier des tiques restent primordiale dans la lutte contre cette maladie.
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La leptospirose canine est une maladie infectieuse d’origine bactérienne. Cette maladie est grave car elle peut être mortelle pour le chien, mais c’est aussi une maladie zoonotique.
Il existe également des vaccins contre la Toux du chenil, le Tétanos, la Leishmaniose, la Piroplasmose et la Borréliose. Les vaccinations contre ces maladies ne sont pas systématiques pour différentes raisons.
Bibliographie
[1] F. Beugnet, G. Miro, L. Halos, and J. Guillot, Abrégé de parasitologie clinique du chien et du chat. 2021.
[2] Greene, C.E. (ed.) (2012) Infectious diseases of the dog and cat. 4th ed. St. Louis, Mo: Elsevier/Saunders.
[3] ‘Babesia, les parasites responsables de la piroplasmose (babésiose)’, ESCCAP France. https://www.esccap.fr/maladies-vectorielles/piroplasmose-babesiose.html (accessed Sep. 12, 2022).
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