Les puces et leurs rôles pathogènes
Introduction
Les puces sont les parasites externes les plus fréquents chez les animaux domestiques [1]. Ce ne sont pas des parasites à prendre à la légère. Une infestation par les puces peut devenir très problématique pour l’animal comme pour son propriétaire, en effet les puces peuvent induire des affections importantes chez l’animal (c’est une des premières causes de prurit [1]), mais elles peuvent aussi piquer les humains.
Une fois les puces présentes dans votre habitation, s’en débarrasser constitue un véritable challenge. La prévention contre les puces est donc importante, et ce tout au long de l’année.
Qu'est-ce qu'une puce ? [1]
Les puces sont des insectes piqueurs hématophages, de 2 à 4 mm de longueur et de couleur brun-jaunâtre, qui appartiennent à l’ordre des Siphonaptères. Il existe plus de 2000 espèces connues qui parasitent des espèces différentes de mammifères et d’oiseaux.
Les puces les plus fréquemment retrouvées sur les chats et les chiens en Europe appartiennent à l’espèce Ctenocephalides felis. Chez le chien, on peut aussi retrouver Ctenocephalides canis mais qui est plus rare. Ce sont des parasites qui peuvent également se nourrir sur d’autres espèces de mammifères (carnivores domestiques et sauvages, opossums, rongeurs, lapins, ruminants, Homme, etc…). Ainsi, les propriétaires de chats et chiens infestés par des puces sont souvent piqués, ce qui peut entraîner des boutons et des démangeaisons importantes au niveau des jambes et des chevilles principalement [2].
Le saviez-vous ? Il existe une espèce de puce spécifique à l’Homme, Pulex irritans, qu’on peut aussi retrouver chez les chiens.
Quel est le cycle biologique des puces ? [1]
Le cycle biologique des puces se compose de 3 phases : les oeufs, les larves et les adultes. Les puces adultes vivent exclusivement sur un animal et se nourrissent de sang, alors que les oeufs et les larves sont dans l’environnement [2].
Les œufs et les larves peuvent vivre aussi bien dans un environnement intérieur (dans les maisons) ou extérieur. Elles sont assez sensibles au froid (car ce sont des parasites originaires d’Afrique), mais elles sont tout à fait capable de survivre en hiver dans des climats tempérés [1].
Figure 1 : Photo d’une puce adulte pondant un oeuf sur son hôte (1) →
Figure 2 : Cycle biologique des puces
Le cycle biologique des puces dure environ 3 semaines [1] :
- Les puces adultes sont sur le chat et se nourrissent de sang. Les femelles pondent des œufs sur leur hôte. Elle pond en moyenne 20 œufs par jour mais elle peut pondre jusqu’à 50 œufs par jour.
- Une fois pondus, les œufs tombent sur le sol. Au bout de quelques jours, une larve sort de l’œuf. Les larves vont fuir la lumière et se cacher notamment dans les moquettes, les tapis, ou dans le plancher. Elles se développent en se nourrissant de débris organiques [2].
- Une fois développées, les larves tissent des cocons, à l’intérieur desquels des nymphes vont se développer. Ces nymphes vont ensuite devenir des puces adultes [1].
- Si un nouvel hôte est à proximité, les adultes vont émerger du cocon pour le parasiter et recommencer le cycle [1].
- Si aucun hôte n’est à proximité, les puces adultes vont rester cachées dans leur cocon. Ces adultes non émergés peuvent survivre jusqu’à 6 à 12 mois protégés dans leur cocon [1]. Ils représentent un réservoir important de nouvelles puces, qui sont plutôt résistantes aux insecticides, et qui en plus peuvent être facilement déplacées sous des chaussures ou sur des habits [1].
Ainsi, même si les puces ne sont pas résistantes au froid, si une habitation est infestée par des adultes protégés dans leur cocon, les puces pourront quand même infester un animal en hiver. Il est donc faux de penser que les puces ne sont pas présentes en hiver. Elles restent seulement cachées dans les bâtiments chauffés dans l’attente de conditions plus favorables [2].
En cas d'infestation, quelles conséquences ?
Un chat ou un chien infesté par des puces présente dans la majorité des cas une pulicose simple, c’est-à-dire que les puces piquent l’animal, entraînant douleurs et démangeaisons. L’animal se gratte, se lèche et se toilette, il peut même se mordiller le corps pour essayer de se débarrasser des parasites [1]. En cas d’infestation par un grand nombre de puces, on peut avoir une anémie (en cas de perte de sang importante), surtout chez des animaux très jeunes, très âgés ou malades [2].
Certains animaux peuvent présenter une allergie aux piqûres de puces (c’est en fait une allergie à la salive des puces). C’est une maladie de peau très fréquente. Dans ce cas-là, la présence d’une seule puce suffit à provoquer une réaction excessive avec du prurit intense, des croûtes, des plaies et des pertes de poils. On peut aussi avoir des infections secondaires par des champignons ou des bactéries [1][2].
En plus de leur rôle pathogène direct, les puces peuvent aussi transmettre d’autres pathogènes (Figure 3) :
- Quand les chiens ou les chats se grattent, ils peuvent ingérer des puces. Or les puces peuvent être elles-mêmes infestées par un parasite interne, le cestode Dipylidium caninum. Ce parasite sera alors transmis à l’animal, ce qui peut entraîner des signes digestifs (consultez notre article dédiées aux vers plats ici).
- Les puces peuvent aussi transmettre chez le chat uniquement une maladie appelée l’anémie infectieuse féline, causée par des bactéries Mycoplasma, une maladie assez courante en Europe (consultez notre article consacré à l’anémie infectieuse féline ici)
Figure 3 : Rôle pathogènes des puces
Quelles conséquences chez l'homme ? [1]
Il est important de garder en tête que les puces, bien que retrouvées chez les animaux domestiques, peuvent aussi avoir des conséquences sur les humains.
En effet, les puces des animaux de compagnie peuvent aussi piquer les humains, provoquant boutons et démangeaisons [2].
Au delà de ça, les puces sont aussi porteuses de maladies qui peuvent toucher l’Homme, qu’on appelle zoonose :
- Les puces peuvent notamment transmettre la bactérie Bartonella henselae qui provoque la maladie des griffes du chat chez l’homme.
La puce porteuse de cette bactérie la transmet au chat lors de son repas de sang. Le chat ne sera pas malade, mais il pourra transmettre la maladie à l’Homme via une griffure. Ce n’est pas directement la puce qui transmet la maladie à l’humain, mais le chat via l’intermédiaire de la puce.
C’est une maladie qui circule principalement chez les chats vivant en extérieur mais peut aussi se retrouver chez les chats d’appartement. Elle touche principalement les vétérinaires et les enfants, avec environ 6000 cas par an en France.
Chez l’homme, la maladie sera plus ou moins grave en fonction du statut immunologique de la personne infectée. La maladie peut aller d’une simple adénopathie associée à de la fièvre à une maladie grave qui touche les vaisseaux sanguins (angiomatose bacillaire) pour les personnes infectées par le SIDA notamment.
- Les puces peuvent également être responsable de la transmission de la bactérie Rickettsia felis qui entraîne une maladie appelée la fièvre boutonneuse à puces.
C’est une maladie qui a émergé récemment et qu’on appelle aussi pseudo-typhus californien. A ce jour, seuls quelques cas ont été décrits dans le monde, ce n’est donc pas une infection très fréquente. C’est une maladie qui entraîne généralement de la fièvre, des éruptions cutanées et des escarres.
Comment lutter contre les puces ?
Nous l’avons vu, les puces sont responsables de plusieurs pathologies chez l’animal mais aussi chez l’homme, et de manière générale entraîne des démangeaisons qui peuvent être graves. La lutte contre les puces est donc importante au quotidien.
Comment savoir si un animal a des puces ? [2]
- On peut chercher des puces adultes directement dans le pelage, mais elles peuvent être difficiles à voir à l’œil nu selon la couleur du pelage. On peut utiliser un peigne fin spécial pour avoir plus de chances de les voir.
- On peut aussi rechercher des crottes de puces. Les crottes de puce sont très petites, avec un aspect rouge foncé. Pour les mettre en évidence, on peut notamment peigner l’animal et récupérer les débris sur une feuille d’essuie-tout blanche humidifiée. On verra alors apparaître une auréole rouge autour des débris (les crottes de puces contiennent du sang non digéré).
Malgré tout, il est parfois impossible de savoir si un animal a des puces, surtout que certains animaux parasités ne se grattent pas. La meilleure solution pour lutter contre les puces reste donc la prévention grâce notamment à des traitements antiparasitaires prescrits par des vétérinaires.
Quels traitements antiparasitaires et à quelle fréquence ? [1]
Comme nous l’avons vu, les puces adultes restent sur les animaux, mais les stades immatures (œufs et larves) sont présents dans l’environnement et constituent un réservoir de parasites. On dit généralement que les puces présentes sur l’animal représentent 5% de l’infestation, et l’environnement abrite lui 95% des parasites. C’est cette particularité qui rend la lutte contre les puces difficiles. En effet, si on traite l’animal mais pas l’environnement, l’animal va constamment se réinfester. Il faut garder en tête qu’une seule puce femelle peut ainsi produire plusieurs dizaines de milliers de nouveaux adultes en un mois [2]. Ainsi, quand on découvre une puce sur son animal, il est hautement probable que son lieu de vie soit déjà très infesté.
En pratique, il sera donc nécessaire d’allier 2 stratégies :
- On utilise des traitements antiparasitaires chez l’animal (sous forme de pipettes ou de comprimés) qui auront 2 propriétés : un effet immédiat (on tue les puces présentes sur l’animal) et un effet rémanent (on le protège contre de nouvelles réinfestations) qui dure généralement 1 mois. Ce traitement sera donc à renouveler tous les mois en fonction du mode de vie de l’animal et de son âge, potentiellement plus en cas d’infestation massive.
- On associe au traitement de l’animal, la décontamination de l’environnement qui est primordiale. Il faut identifier toutes les zones potentiellement infestées (canapé, panier du chat, lit, mobilier, etc…) ce qui peut être difficile. Les sprays destinées à traiter l’environnement associent généralement un insecticide et un régulateur de croissance, qui permet de perturber le développement des œufs et des larves.
Figure 4 : Lutte contre les puces
En cas d’infestation de l’habitat et d’un animal par les puces, le vétérinaire est un allié de choix pour mettre en place un plan adapté de lutte contre les puces. En effet, les traitements antiparasitaires seront à adapter en fonction de l’animal. Notamment, il faut garder en tête que certains produits antiparasitaires destinés aux chiens peuvent être mortels chez le chat. Il ne faut donc en aucun cas traiter un chat sans demander l’avis d’un vétérinaire.
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Bibliographie
chat. 2021.
[2] ‘Les puces’, ESCCAP France. https://www.esccap.fr/arthropodes/puces-chien-chat-homme-autre.html (accessed Sep. 05, 2022).