Parasitologie du chien et du chat

Les tiques et leurs rôles pathogènes

Introduction

Les tiques sont des parasites externes très fréquents chez les animaux de compagnie, aux conséquences importantes sur leur santé. Elles sont en effet connues pour être vectrices de nombreux agents pathogènes : des virus, des bactéries, des protozoaires ou des parasites internes, dont certains sont même transmissibles à l’Homme. Les tiques représentent une menace préoccupante dans de nombreuses régions du monde aujourd’hui.

Présentation des tiques

Les tiques sont des acariens hématophages qui mesurent environ 10 mm et jusqu’à 30 mm quand elles sont gorgées de sang.
Il existe de nombreuses espèces de tiques. Elles sont notamment classées en tiques molles et tiques dures. Les tiques molles sont d’importance moindre en médecine vétérinaire, nous nous intéresserons donc uniquement aux tiques dures.
Chaque espèce est répartie différemment dans le monde en fonction du climat auquel elle est adaptée. Les espèces touchant le plus fréquemment les animaux de compagnie en France sont Ixodes ricinus (présente partout en France), Dermacentor reticulatus (présente partout en France sauf en région méditerranéenne) et Rhipicephalus sanguineus (présente principalement sur le pourtour méditerranée).

Figure 1 : Photo d’une tique Rhipicephaluse spp [1]

Cycle biologique des tiques

Le cycle biologique des tiques est d’une durée variable selon les espèces et se compose de 3 stades : les larves, les nymphes et les adultes.
Il y a une alternance entre des phases de vie libre et des phases de vie parasitaires, c’est-à-dire que certains stades du cycle se réalisent dans l’environnement, et d’autres sur une espèce animale hôte.

Les tiques peuvent utiliser différentes stratégies pour aller se nourrir sur un animal :

soit elles pratiquent l’affût : elles se mettent en haut d’une herbe ou sur une feuille et attendent qu’un hôte s’approche
soit elles chassent activement leur hôte en le suivant

Elles détectent la chaleur, les vibrations, les ombres et la respiration. Elles vont préférentiellement choisir une zone de peau fine pour se nourrir : les oreilles, derrière les coudes, à la base de la queue, sur la mamelle ou le scrotum.
La durée moyenne d’un repas sanguin est de 3 à 7 jours. Des agents pathogènes peuvent être transmis à l’hôte pendant toute la durée du repas sanguin. Généralement, la transmission des pathogènes se réalise entre 24 à 72h après le début du repas sanguin.

Chaque stade peut réaliser un repas de sang sur un hôte préférentiel (c’est-à-dire que la larve ne réalisera pas forcément son repas de sang sur la même espèce que la nymphe ou l’adulte) avant de muer.
L’accouplement des tiques adultes a lieu directement sur l’hôte pendant le repas. A la fin du repas, la tique se détache et tombe au sol, puis cherche un endroit où pondre ses œufs.

Figure 2 : Cycle biologique des tiques

Lorsque les conditions climatiques ne sont plus favorables (en période hivernale ou estivale selon les espèces), une tique est capable d’entrer en diapause, ce qui lui permet de survivre jusqu’au retour de conditions climatiques correctes.

Conséquences d'une infestation de tiques chez l'animal

Rôle pathogène direct des tiques [1]
La piqûre d’une tique n’est généralement pas douloureuse. Une tique femelle se nourrit du sang de son hôte, avec des repas de 2 à 4 mL de sang. C’est ce qu’on appelle une spoliation sanguine, qui peut devenir problématique pour des animaux qui sont en permanence infestés par des tiques. Il est rare qu’une piqûre de tique entraîne une infection. En revanche, il arrive qu’en retirant une tique de l’animal, une partie de la tête reste en place dans la peau, ce qui peut entraîner une réaction inflammatoire durant plusieurs semaines.
Certaines espèces de tiques peuvent libérer des toxines pendant leur repas, ce qui peut induire une paralysie brutale chez l’hôte infecté. Heureusement, ces espèces de tiques ne sont pas présentes en Europe.

Rôle pathogène indirect des tiques [1]
En plus de leur rôle pathogène direct, les tiques peuvent aussi transmettre de nombreux pathogènes, qui peuvent varier en fonction des régions et des espèces rencontrées :

La piroplasmose canine ou féline, une maladie très fréquente (plus de 140 000 cas en France par an) chez le chien, très rare chez le chat, mais pouvant être mortelle pour les 2 espèces (voir notre article dédié ici)
L’ehrlichiose qui est une maladie bactérienne provoquant un syndrôme hémorragique pouvant conduire à la mort de l’animal (voir notre article dédié ici)
L’anaplasmose qui est une maladie bactérienne le plus souvent asymptomatique mais pouvant occasionner une thrombocytopénie (voir notre article dédié ici)
La borréliose ou maladie de Lyme qui est une maladie provoquant rarement de signes clinique (3 à 10% des animaux infectés), touchant uniquement le chien (voir notre article dédié ici)
L’hépatozoonose qui une maladie peu fréquente transmise par ingestion de la tique, rarement mortelle (voir notre article dédié ici)

Figure 3 : Rôles pathogènes des tiques

Point sur les tiques chez les humains [1]
Il est important de garder en tête que les tiques peuvent également être vectrices de nombreux pathogènes chez les humains, comme l’encéphalite à tiques ou la maladie de Lyme (qu’on retrouve aussi chez le chien sous le terme de borréliose). Dans ce cas-là, ce ne sont pas les animaux qui vont transmettre un pathogène à l’homme donc ce n’est pas une zoonose. Ce sont les tiques présentes dans l’environnement qui vont directement infester l’homme.

La lutte contre les tiques

La lutte contre les tiques peut passer par plusieurs choses :

[2] Premièrement, il est important de rechercher les tiques sur les animaux au retour de promenade ou pour les chats qui passent beaucoup de temps en extérieur. Au plus cette recherche de tiques est faite régulièrement, au plus le risque de transmission de pathogène est réduit car la tique sera rapidement enlevée. Lorsqu’une tique est détectée sur un animal, il ne faut pas :

tirer dessus, ce qui risquerait de laisser un morceau de la tête en place
appuyer sur la tique, verser un produit désinfectant ou essayer de brûler la tique : cela provoque une régurgitation réflexe du parasite qui pourrait alors plus facilement transmettre un pathogène

La meilleure technique pour retirer une tique est d’utiliser un crochet spécial anti-tique.

[1] Ensuite, le contrôle des tiques repose également sur le traitement régulier des animaux avec des antiparasitaires prescrits par un vétérinaire. Ces traitements antiparasitaires (sous forme de pipettes ou de comprimés) ont un effet immédiat (on tue les tiques présentes sur l’animal avant qu’elles n’aient le temps de transmettre un pathogène) et un effet rémanent (on le protège contre de nouvelles infestations) pendant une période plus ou moins longue selon les molécules (généralement autour de 1 mois). Ce traitement est donc généralement à renouveler tous les mois en fonction du mode de vie de l’animal et du climat de la région dans laquelle il vit, pour assurer une protection toute l’année.

Le vétérinaire est un allié de choix pour mettre en place un plan adapté de prévention contre les tiques. En effet, les traitements antiparasitaires seront à adapter en fonction de l’animal. Notamment, il faut garder en tête que certains produits antiparasitaires destinés aux chiens peuvent être mortels chez le chat. Il ne faut donc en aucun cas traiter un chat sans demander l’avis d’un vétérinaire.